L’équilibre de vie, une dé-marche collaborative à apprendre

Pour mieux « gérer » son temps et ses priorités, la recherche d’un équilibre de vie est nécessaire. Sauf que voilà…

L’équilibre de vie n’existe pas. Je ne peux pas l’obtenir, le posséder, le garder, bref ce n’est pas un état de vie. Cela ne veut pas dire que je ne dois pas m’y intéresser et consacrer pleinement, car l’équilibre de vie est le chantier de ma vie, ce cap qui seul pourra unifier mes talents, activités, priorités, rêves et besoins, pour me permettre d’harmoniser les différentes facettes de ma personnalité et de mon histoire, mes dons et mes limites, mes envies du moment qui vont et viennent et mes aspirations profondes qui s’enracinent dans ce que j’ai d’unique à offrir au monde.

Cheminer ainsi, c’est apprendre à marcher comme un enfant qui a soif de découvertes, prêt à tomber sept fois et se relever huit pour voir le monde avec un autre regard, et appréhender les choses et ses proches sous un autre angle, avec plus de hauteur de vue.

Partons donc en voyage avec la marche et le chemin comme fils conducteurs de l’équilibre de vie, ce « constant déséquilibre »[1] « qui se corrige sans cesse »[2], cet « équilibre instable »[3], « précaire entre le passé et le futur »[4], qui demande « l’art de maintenir son déséquilibre tout en déplaçant ses pieds »[5], « art difficile qui consiste à ne pas tomber »[6], et se « maintient grâce à l’effort et à la persévérance »[7]

Au travers de ces extraits de citations sur la marche vue sous le prisme du déséquilibre, je vous propose de transformer votre temps, vos priorités et votre stress. Les formations sur le sujet foisonnent, avec souvent ce verbe clé pour vous rassurer : oui vous aurez des outils pour cela, oui vous allez apprendre à mieux « gérer » ce trépied indispensable de vos journées et de votre santé. Sans nier l’importance d’outils techniques et pratiques, permettez-moi de vous offrir une autre clé de lecture.

Le temps ne se gère pas comme un budget, il s’habite, entre le chronos qui passe et file souvent trop vite, le temps de la nature qui sait prendre le temps des semailles et le temps des moissons, des marées de la vie qui montent et descendent dans un rythme à consentir, et ce temps d’attention et présence au moment présent qu’est le kairos, savant équilibre à travailler pour passer d’un temps subi à un temps choisi.

Les priorités ne se gèrent pas comme un reporting Excel. Les priorités se pausent, se posent et se choisissent.

Même le stress ne se gère pas uniquement comme un rythme cardiaque à ralentir, ce qui est pourtant utile pour beaucoup d’entre vous. Le stress me signale une énergie à transformer, mon intelligence émotionnelle et relationnelle à développer dans une visée dialectique.

Je n’aurais pas la prétention de répondre à ces défis existentiels en quelques lignes, puisque c’est l’affaire de toute une vie qui se travaille, quitte à se faire accompagner et coacher par un regard extérieur et bienveillant pour être guidé, éclairé, encouragé, écouté, conforté et réconforté dans ses choix.

Le choix est en effet à la base de notre liberté et donc de tout ce qui en découle, à condition de pas oublier qu’on ne vit et ne travaille pas seul. Dès lors, à chaque changement important de votre vie et dès qu’un malaise durable s’installe en vous, prenez un temps avec ceux qui partagent votre intimité et/ou votre travail pour mettre à plat et avec précision vos priorités, afin de mieux chercher ensemble à les ordonner.

D’emblée, vous serez ainsi dans un principe de réalité : nos vies sont faites d’interactions, nous avons intérêt à connaître à la fois nos priorités et celles de ceux avec nous vivons et travaillons. L’autre n’est pas extra-lucide, se dire les choses est donc la base de la communication non violente, le socle d’une gouvernance partagée qui repose sur des rapports authentiques où chacun peut parler en vérité pour stimuler le goût du travail en commun, seule solution durable dans un monde du travail en mutation.

Qu’est-ce qui compte pour l’autre ? Qu’avons-nous en commun ? Qu’est-ce qui nous sépare ? Qu’est-ce qui a changé ou pas ? Comment nourrir ce commun au fil des transformations de notre vie, projet, travail commun(s) ?

En prenant conscience de vos accords et écarts de vue, vous vous donnerez alors la chance de partager vos valeurs, de repérer les intrus de votre quotidien pour vous accorder sur l’essentiel à viser seul et à plusieurs.

Muriel Rosset
Coach et formatrice

L’équilibre de vie : un chantier permanent, pas un état

[1] Nietzsche
[2] Antoine de St Exupéry
[3] Paul Valéry
[4] Goethe
[5] Proverbe indien
[6] Confucius
[7] Napoléon

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